FAITES TOURNER LES TABLES
afin de me donner du temps pour finir ma boule

Dans Habillage-bas(S)billage n°10 nous avons glissé « angle droit » sans nous attarder. Comme si cela allait de soi. Vous nous ferez remarquer qu’il n’y a pas lieu de s’attarder et que rien n’est plus naturel que la verticale et l’horizontale puis que cela définit bien notre angle droit … ici bas. Que la verticale nous l’avons avec le fil à plomb et l’horizontale avec la surface de l’eau … si on ne s’étend pas trop.
Sans être spiritiste faites tourner une table et posez à l’endroit de l’axe de rotation un grand verre d’eau. Si vous faites tourner suffisamment rapidement la table et si votre verre est assez grand vous pourrez observer que la surface de l’eau se courbe. Exactement elle prend la forme d’un paraboloïde de révolution. Elle n’est donc plus plane et que dire de votre remarque au sujet du fil à plomb !
C’est une expérience à laquelle vous pourriez vous livrer mais l’artiste Piotr Kowalski * en a fait une œuvre. Sur un disque (avec rebord) vous déposez du terreau et semez des graines de blé (par exemple). Vous faites tourner en permanence ce disque (pas trop vite) et vous arrosez pour que cela pousse. Que constaterez vous ? En poussant vous observerez que les brins d’herbe (le blé vert) définissent quelque chose proche du cône plutôt que du cylindre que vous auriez obtenu si vous n’aviez pas fait tourner. Au repos les tiges suivaient la verticale qui est définie par la pesanteur. En tournant les tiges ont suivi les lignes de champ de ce nouvel état de pesanteur composé de notre pesanteur habituelle et de la force centrifuge…dont les équipotentielles ou courbes de niveaux sont ces fameux paraboloïdes.
Que dire si vous étiez en apesanteur ? Vous auriez des tiges qui partent dans tous les sens et ne seraient pas forcément droites … et un enchevêtrement de racines. Souvenir d’une expérience réalisée dans la station Mir dont nous avons vu des images à la Cité des Sciences.
Donc naturellement, ici bas, ce n’est pas d’angle droit dont nous avons conscience en premier. Nous cherchons à rester debout et ne pas marcher sur la tête ! **
Le mieux, si vous avez à définir ou construire un angle droit consiste à prendre une feuille de papier dont un bord est droit (un seul suffit … le reste peut être déchiré) … ça se trouve dans le commerce. Vous pliez votre feuille en deux de façon qu’une moitié du bord droit vienne se superposer à l’autre moitié … vous avez exactement un angle droit entre le bord et l’arête que vous générez par ce pliage. C’est bon à savoir et ça peut servir quand on n’a pas d’équerre dont on peut douter d’ailleurs de l’angle droit … (nous en savons quelque chose !)
à suivre.
Note :
* Piotr Kowalski : (1927 – 2004) Né à Lvov en Pologne, Piotr Kowalski émigre en Suède en 1946, étudie les mathématiques et l’architecture au M.I.T. à Cambridge (États-Unis) de 1947 à 1952, travaille dans les années 1950 auprès de différents architectes (Breuer, Prouvé ou Pei). L’artiste plasticien Piotr Kowalski appartient à la catégorie rare des artistes inventeurs dont la figure emblématique est Léonard de Vinci.(dixit Wikipédia !)
De mémoire car nous n’avons pu retrouver les références : nous nous souvenons d’une de ses œuvres, monumentale, constituée de deux barres de métal de nature différentes et solidarisées entre elles. Les coefficients de dilatations étant différents la sculpture se courbait différemment selon la température extérieure … à la façon de ces bilames utilisés dans certains régulateurs thermiques, mais à une grande échelle. Dilatation, mesure : nous aurons l’occasion de l’évoquer à nouveau à propos d’une erreur que nous fîmes lors de la réalisation de notre habillage.
** une remarque de l’auteur en passant : En notre période sécuritaire où il devient interdit d’utiliser une échelle pour travailler et atteindre une certaine hauteur dans les salles de spectacles, nous nous permettons de faire remarquer que la station debout est très dangereuse pour l’humain. Penchez vous ! Vous tombez. … Soit, … vous vous pliez, nous direz vous et mettez le cul en arrière pour rétablir l’équilibre. Mais le polygone de sustentation est bien réduit et vous n’irez pas loin ainsi, même si vous êtes intelligent. Par mesure de sécurité nous proposons d’établir une loi qui oblige les humains à marcher à quatre pattes … le polygone de sustentation est bien plus grand et l’équilibre plus assuré. Si besoin dans un futur plus lointain nous l’obligerons à ramper … c’est encore plus sûr ! La nature a mis plusieurs millénaire pour passer du primate quadrupède à la position verticale. C’est une erreur de la nature qu’il faut s’empresser de corriger. C’est trop dangereux pour la survie de l’espèce !